Strasbourg (1)

 

 

dans la chapelle saint Laurent

dans la chapelle saint Laurent

Nous voulions notre Chapitre ancré dans le patrimoine de nos origines. D’où l’idée de nous réunir à Strasbourg, ville du P. Théodore et du Père Marie, mais aussi de la plupart de nos premières Sœurs (à l’époque, on disait : « Mères » !).

Ville, aussi, où Sion est bien vivant. C’est donc au collège que, d’abord, nous nous sommes rendues, dès notre arrivée, le 12 avril. Belle visite commentée de la chapelle, prière, puis joyeuse réunion avec nos Sœurs de la rue Chatrian et de Sandrine et quelques unes de ses collaboratrices (malgré les vacances !) autour d’un succulent buffet alsacien.

Le lendemain, nous nous rendions à la cathédrale, et plus spécialement dans la chapelle St Laurent, où le P. Théodore disait la messe quotidienne. Nous y avons pénétré par la porte « de la Miséricorde », qui se trouve donner sur la nef. Petit clin Dieu, en ce moment où nous faisions mémoire du Cœur Sacré de Jésus, via les textes de la messe, et nous souvenions du pacte de Türkenstein, lointaine source de notre Congrégation.

Un professeur du collège nous fit ensuite visiter la cathédrale ; enfin, une partie, car il faudrait des jours ! De la chaire, le P. Théodore prêcha souvent, et délivra un enseignement à des jeunes filles désireuses d‘approfondir leur foi, à Madame Stouhlen après son veuvage. L’après midi, souvenir de Mlle Humann, en l’église – maintenant protestante – St Pierre le jeune, où elle fut baptisée (ainsi qu’un peu plus tard, Charles de Foucauld). Puis cap sur la rue de la Toussaint ; c’est là que Mademoiselle Humann et Madame Breck donnèrent l’hospitalité à Monsieur Bautain et que se groupèrent autour de lui de jeunes hommes en quête de sens, qui tous (ils furent jusqu’à une dizaine) embrassèrent la prêtrise. Ce petit « cénacle », lors d’une période d’épreuve, ouvrit dans cette même rue une école, vite trop petite, qui s’agrandit rue des Juifs. Suivant l’Ill, nous allions découvrir l’église St Jean, première église dans la quelle Théodore Ratisbonne entra, lors des obsèques de Mme Breck, dont il sut, intuitivement, combien elle avait prié pour lui. Six ans plus tard, il y célébrait sa première messe. En prenant le chemin du retour vers le Centre culturel st. Thomas, nous pûmes visiter l’église st Louis, paroisse de ces jeunes prêtres quand ils étaient chargés du Petit Séminaire ; pousser jusqu’au quai Finkwikker, où l’arrière grand-père du P. Théodore, Nephtali Cerfbeer acheta une vaste maison, choisie proche des remparts afin de pouvoir s’esquiver en cas de nouvelle vague de persécution antisémite ; n’était-il pas le premier juif à pouvoir à nouveau demeurer en ville, depuis le lointain pogrom de 1361, suite à la peste noire, qui avait conduit au bannissement des juifs de la ville ? C’est lui qui obtint de Louis XVI une lettre patente qui redonnait aux juifs d’être des citoyens à part entière. Toute proche, la rue ste Élisabeth (du nom de ste Élisabeth de Hongrie qui, semble-t-il, aurait acheté là un terrain qu’elle offrit aux Dominicains) ; Mme Breck et Mlle Humann y acquirent une vaste maison qui servit aussi d’école en ces temps troublés de la Révolution ; elle fut le refuge de bien des chrétiens poursuivis, des prêtres surtout, à commencer par l’abbé Colmar – le futur évêque de Mayence.

Là encore, une des portes de la ville toute proche était une sécurité en cas de poursuite.

Avec la Vieille Douane, où travaillait le père de Mlle Humann, notre pèlerinage strasbourgeois prenait fin. Mais nous pûmes encore, quelques jours plus tard, passer à proximité de Molsheim, où le P. Théodore et ses compagnons firent leurs deux années de séminaire, puis nous arrêter devant une propriété de Madame Stouhlen à Oberschaefolsheim, dont elle est maintenant la mairie. C’est là qu’après le départ des « prêtres de st Louis » pour Paris, celles qui devaient devenir quelques années plus tard les premières Sœurs de la congrégation, se réunissaient régulièrement, pour approfondir ensemble leur vie de foi et leurs liens fraternels, encouragées et «accompagnées » de loin par le Père Théodore.

C’est dans cet esprit d’une filiation que nous allions commencer notre Chapitre.

soeur Marie Christine de la communauté de Grandbourg


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